« A Naples, la
violence est le moyen le plus compliqué mais aussi le plus pratique de devenir
un entrepreneur qui gagne; et l’atmosphère de ville en guerre qu’on respire chaque jour a
l’odeur rance de la sueur, comme si les rues étaient des salles de sport à ciel
ouvert où chacun exerce sa capacité à voler, à braquer, à saccager et à tester
les mécanismes du pouvoir, l’ivresse de la croissance
économique.»
«3600 morts depuis que je suis né. La Camorra a fait plus de victimes que
la mafia sicilienne, plus que
la ‘Ndrangheta, plus que
la mafia russe, plus que les
familles albanaises, plus que l’ETA. en Espagne et l’IRA en Irlande réunies, plus que les
brigades rouges, les NAR et tous
les attentats commis en Italie durant les années de plomb. La Camorra a tué plus que n’importe
quelle autre organisation.
Ce n’est pas le cinéma qui observe le monde du
crime pour s’inspirer des
comportements les plus marquants, mais précisément le contraire (…) Le cas du
Parrain est signifi catif. En Sicile ou en Campanie, personne au sein des
organisations criminelles n’avait jamais utilisé auparavant le terme padrino,
fruit d’une traduction plus ou moins exacte de l’anglais Godfather (…) Les camoristes
doivent se forger une image criminelle que souvent ils n’ont pas et qu’ils
trouvent au cinéma. En revêtant un masque hollywoodien facilement
reconnaissable, ils prennent une sorte de raccourci qui fait d’eux un
personnage immédiatement menaçant.
Depuis Tarantino, ces
gars-là savent plus tirer comme il faut ! Ils tirent plus avec le canon droit,
mais tiennent toujours leur arme inclinée, presque à plat. Ils tirent comme
dans les films, le pistolet de
travers, c’est un désastre : ils touchent le bas-ventre, l’aine et les jambes,
ils blessent grièvement mais sans tuer. Et donc ils sont obligés d’achever la
victime d’une balle dans la nuque. Un fleuve de sang inutile, une barbarie
complètement superfl ue qui n’a rien à voir avec l’exécution. »
Roberto
Saviano, Gomorra
LE SYSTÈME (NAPLES ET LA CAMPANIE) APPELÉ CAMORRA
C’est l’organisation criminelle la plus importante d’ Europe. Elle est très intégrée dans
la population, surtout dans les milieux les plus pauvres. « Le Mot Camorra n’existe pas. C’est un mot
de flics utilisé par les magistrats, les journalistes et les scénaristes. Un
mot qui fait sourire les affiliés (...). Celui que les membres d’un clan
utilisent pour le désigner est SYSTÈME : « J’appartiens au Système de
Secondigliano ». Un terme éloquent, qui évoque un mécanisme plutôt qu’une
structure. Car l’organisation criminelle repose directement sur l’économie et
la dialectique commerciale est l’ossature du clan. » « La nébuleuse de la
Camorra se compose aussi bien de groupes avides comme des sangsues, sans projet
économique, que d’avant-gardes qui développent leurs affaires à toute vitesse
et visent les sommets. » Les femmes commencent à y jouer un rôle de
plus en plus important du fait des nombreuses arrestations et des assassinats.
Les clans gèrent de très nombreuses activités : • Extorsions de fonds. La
Camorra reçoit de l’argent
de la plupart des entreprises de la région sous forme d’un impôt appelé le «
pizzo » • Prostitution •
Contrôle de multiples activités légales telles que le commerce de fleurs, le
commerce de viande • Ramassage des ordures • Jeux, boîtes de nuit • Contrebande
en tous genres : objets volés et contrefaçon • Trafic des cigarettes a refait
surface depuis la hausse récente du prix du tabac • Trafic de drogue en
provenance du Maghreb, de la Turquie (héroïne, opium) et d’ Amérique du Sud
(cocaïne). Il
rapporterait jusqu’à 500 000 dollars par jour à la Camorra • Fraude : comme toutes les
mafias italiennes, la Camorra détourne des subventions
européennes, reconstruction en Campanie : après le tremblement de terre de
1980, la Camorra a détourné des millions d’euros sous couvert de reconstruction
immobilière de la région financé par l’ Union Européenne •
Offres publiques de chantiers • Gestion des déchets toxiques. Qui a permis
d’empoisonner de nombreux terrains agricoles, accroissant ainsi le nombre de
cas de cancers... On compte cinq camorristes pour un membre de la ‘Ndrangheta.
MATTEO GARRONE - Réalisation et Scénario
Né à Rome en 1968.
Après avoir obtenu le Diplôme de Lycée artistique en 1986, il commence à
travailler comme assistant-opérateur pour se consacrer ensuite entièrement à la
peinture.
En 1996, il remporte le Prix du
Meilleur court-métrage au Sacher Festival pour
SILHOUETTE.
L’ année suivante, il réalise, avec sa propre maison de production Archimede, son premier long
métrage, Terra di
Mezzo, distribué par Tandem et lauréat au Festival du
Cinéma Jeunes à Turin, du Prix
Spécial du Jury et du Prix Cipputi.
En 1998, il tourne le documentaire ORESTE
PIPOLO, FOTOGRAFO DI MATRIMONI à Naples. Et, toujours la même année, son second
long métrage, LES HÔTES, reçoit le Prix Kodak au Festival du Cinéma de
Venise. Ce film obtient
également la Mention Spéciale au Festival d’ Angers, le Prix du Meilleur Film au
Festival de Valence et le
Prix Kodak au Festival de
Messine.
Son troisième long métrage, ROMAN SUMMER,
réalisé en 2000 a fait partie
de la Sélection officielle du Festival de Venise.
Mais c’est avec L’ ÉTRANGE MONSIEUR PEPPINO, en
2002, qu’il remporte le plus
vif succès auprès de la critique et du public : ce film est présenté à la 55e
édition du Festival de Cannes, dans la Quinzaine des Réalisateurs ; il remporte
le David de
Donatello pour le Meilleur Scénario et pour le Meilleur Second Rôle, le
Ruban d’
Argent pour le Meilleur Montage, le Ciak d’Oro pour le
Meilleur Montage, le Prix Fellini pour le Meilleur Producteur,
les Meilleurs Décors, la Meilleure Photo, le Meilleur Scénario, la Meilleure
Distribution. Il remporte encore le Prix Spécial du Jury au Prix Pasolini.
En 2005 il est en
compétition au 54e Festival du Cinéma de Berlin avec le film PREMIER AMOUR qui
remporte l’ Ours
d’Argent pour la Meilleure Musique. Toujours pour la meilleure musique, il
remporte le Ruban d’Argent et
le David de
Donatello.
ROBERTO SAVIANO - Sujet et Scénario
Roberto Saviano est né à Naples en 1979.
Il a vécu entre Naples et Caserte. Titulaire d’une licence de
Philosophie à l’Université de Naples-Frédéric II, il a été l’élève
du grand historien du sud de l’ Italie, Francesco
Barbagallo.
Il fait partie d’un groupe de chercheurs de
l’Observatoire sur la Camorra et l’ illégalité et
collabore avec les journaux L’ Espresso et La Repubblica.
Gomorra, son premier livre, s’est
vendu, en Italie, à plus de
1.200.000 exemplaires et a été un Best-Seller dans 33 pays.
La littérature et le reportage permettent à
Roberto Saviano de
raconter des fais réels.
En 2006, il reçoit le Prix Giancarlo Siani. La même
année il reçoit également le Prix Viareggio Repaci.
Depuis le 13 octobre 2006,
après le succès remporté par son livre dans lequel il dénonce les activités de
la Camorra de Naples, et à la suite des
déclarations des camorristes collaborant avec la justice, des informations des
carabiniers et surtout des menaces, en salle d’audience, de certains caïds du
clan des Casalesi au cours
du procès « Spartacus »,
Roberto Saviano
vit sous protection policière.

Une production Fandango
En collaboration avec Rai Cinema
Ce film est réalisé avec la contribution
du Ministère italien des Biens et des Activités Culturels
En collaboration avec Sky
Italie – 2008 – Couleur - 35 mm - Scope - Dolby SRD - Durée : 135’